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 Le géant de l'Atlas

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basima
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basima


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MessageSujet: Le géant de l'Atlas   Le géant de l'Atlas EmptyMer 15 Nov 2006 - 10:11

Liberation(Maroc) Ahmed Guedira a écrit:
Le plus grand (1,98m) des quinze tricolores entrant sur la pelouse anglaise de Twickenham un samedi après-midi (16/03/1991), était un Marocain d’origine. Il ne s’agit pas de Philippe Marocco, mais de Abdelatif Benazzi qui effectuait sur le stade légendaire son entrée dans le prestigieux Tournoi des cinq nations. C’était son quatrième match sous le maillot du XV des Coqs après avoir participé à trois matches contre l’Australie et deux contre les « All Blacks » de la Nouvelle-Zélande.

En 1987, alors qu’il regardait « la première Coupe du monde de rugby à Oujda, à la télé, sans même imaginer » qu’il viendrait « un jour en France », personne ne pouvait soupçonner que le jeune « Abdel » allait être une icône du rugby mondial, lui, qui comptait faire du foot et du lancer du poids. Malheureusement le fils de Zineb et d’un commerçant aisé qui s’appelle Mohammed allait s’avérer trop lourd pour le premier et maladroit pour le deuxième. À 16 ans et vu son physique de colosse exceptionnel, son entraîneur d’athlétisme le conseille de s’orienter vers le rugby. Un choix naturel pour le grand gaillard oujdi qui est né le 28/08/1968 « au milieu de gens qui adorent le rugby ».

Les débuts furent donc à Oujda, au sein de l’US local (USO), « un petit club, mais un club fabuleux qui restera toujours dans mon coeur et dans mon esprit, avec des bouts de pelouse, des poteaux fixés n’importe comment ». Avec ce club, il est devenu international marocain et en 1988, au cours d'une tournée en Tchécoslovaquie, un dirigeant du Lot, qui se trouve là par hasard, repère le robuste deuxième ligne et lui propose de signer à Cahors, un club de seconde division en France. Il accepte sans hésiter. Les débuts ne se passent pas comme il le souhaite.

Le jeune Marocain a dû patienter sur le banc de touche pendant sept mois sans raison apparente, à part peut-être son origine. «A l’époque, il y avait beaucoup de blocages anti-sportifs. Et j’ai dû batailler dur pour m’imposer». Une fois titulaire, les dirigeants du Sporting Union d’Agen, un des clubs les plus huppés du Championnat d’élite en France, remarquent qu’il s’agit d’un joueur de très grande classe et décident de le recruter.

Il intègre ainsi en 1989 le club cher à Albert Ferrasse et il ne le quittera qu’en 2001. Si la venue d’un « Arabe » fut contestée par deux Agenais xénophobes, les qualités humaines du bonhomme, au corps massif et à l’âme aussi frêle que celle d’un enfant constamment émerveillé par la vie et ce qui en fait la quintessence, lui permirent d’effacer tous les obstacles.
A travers la pratique du rugby, il savait que c’est un sport de bravoure qui porte des valeurs collectives fortes: l'authenticité, la solidarité, le courage, le respect de l'adversaire, la loyauté. Ces valeurs, le numéro huit du SU Agen les incarne, sur le terrain comme dans la vie. S'il a franchi beaucoup de lignes d'essai sur les stades, il a toujours essayé de faire reculer d'autres, celles de la bêtise, de l'intolérance, de l'égoïsme et du racisme pour une France ouverte et généreuse, qui n'a peur ni de l'Autre ni de la différence.

Le géant de l’Atlas explique qu’il a « vite aimé le rugby parce qu'il ressemble à la vie, ce sont les mêmes sensations. C'est une bonne école ». Lors de sa première saison sous les couleurs lot-et-garonnaises son talent éclate. Fort de ses 112 kilos et son 1,98 m, il saute haut et ses bras de lutteur gagnent les balles en touche. De plus, son travail remarquable en pénétration le signale à l’attention des sélectionneurs de l’équipe de France, mais une sélection avec le Maroc dans le cadre des éliminatoires de la zone Afrique de la Coupe du monde en mars 1990 a failli empêcher « Marcel », comme le surnomme ses copains du XV des Coqs, d’évoluer chez les tricolores. Du côté de la FFR (Fédération française de rugby), on n’a ménagé alors aucun effort pour convaincre les représentants de l’International Board de la bonne foi du joueur. Il endosse finalement le maillot tricolore, pour la première fois, le 06/09/1990 face aux Wallabies d’Australie et joue aux côtés de Serge Blanco l’une de ses idoles. Sa prestation face à ces derniers lui vaut une titularisation pour muscler la ligne d’avant dans la rencontre du Grand chelem (version 1991) face aux Anglais. Le co-entraîneur de l’équipe de France, Daniel Dubroca, avait justifié son choix ainsi : « Je crois que Benazzi a des moyens énormes et des qualités supérieures à Deslandes ou Cecillon, par exemple. Sa prestation, aujourd’hui a prouvé que nous étions dans le vrai. Il a pleinement justifié la confiance que nous avons placée en lui. Abdelatif était notre joker ici, afin que nous ayons tous les atouts pour ce match décisif du Tournoi » alors qu’Abdel confiant dans ses qualités explique que « On m’a fait venir pour rencontrer les Anglais parce que j’avais déjà joué contre les Australiens et les All Blacks ; j’étais le joueur qu’il fallait aujourd’hui à ce poste et j’ai été choisi sur mes qualités pour ce match du grand chelem ». Il participe lors de la même année à sa première Coupe du Monde où il sera éliminé en quarts de finale par les XV de la Rose (19-10). En 1995, il participe à sa deuxième Coupe du Monde où 15 cm l'empêchent de qualifier le quinze tricolore pour la finale contre les Springboks qui ont dû batailler ferme pour battre la France (19-15) à Durban sur l'océan Indien. Il remporte ensuite le Grand Chelem (tournoi des V nations) 1997 en tant que capitaine et il déclare : « Bien sûr, remporter le Tournoi des Cinq Nations en gagnant quatre matchs, c’est un exploit, mais ne voulait-il pas dire autre chose ? Effectivement, le lendemain, Jean-François Lamour, m’annonçait que le président de la République souhaitait que je participe à une réflexion dans le cadre du Haut Conseil à l’Intégration ». Jamais un autre Marocain n’a pu en effet atteindre un tel stade de la compétition. Après cette victoire, il se blesse au ligament du genou, ce qui le mettra à l’écart des terrains pour quelque temps. Fort, rapide, grand certes, mais aussi malin et posé. Des qualités qui ne l’ont jamais quitté, même dans les plus noirs épisodes de sa vie de sportif de haut niveau. «Des déceptions ? « Bien sûr que j’en ai eu. Mais il faut savoir en tirer profit. Dans cette vie, on ne cesse jamais d’apprendre», note-t-il. Son challenge était alors de revenir à son plus haut niveau. Ce qui a magistralement réussi lors de la Coupe du monde en 1999 en Australie, son dernier mondial. «Le rugby est un poème physique que je récite par cœur», explique le capitaine des ruggers français. La demi-finale de cette Coupe entre la Nouvelle-Zélande et la France a été remportée par cette dernière (43-31), au terme d'un incroyable retournement de situation. Auteurs d'une première phase poussive, les Français, menés 24-10 au début de la seconde période, mobilisèrent des ressources insoupçonnées avant d'asséner un terrible 33-7 aux All Blacks. Mais cet exploit fut sans lendemain. Une semaine plus tard, les Français étaient incapables de s'opposer au sacre des Wallabies.
Soixante-dix-huit sélections dans le XV de France, dont il a été le capitaine courageux, trois Coupes du Monde, quatre victoires contre les All Blacks de Nouvelle-Zélande et un grand chelem. Un palmarès à faire pâlir d’envie plus d’un.

Après avoir atteint les sommets en France, il plie bagage pour le voisin d’outre-manche, l’Angleterre, où il évolue au sein du club Saracens (Londres). Ce nom, (Sarrasins en français), fait référence à ces guerriers du désert du 12ème siècle. Ils étaient renommés pour leur mobilité, leur endurance et leur enthousiasme. On dirait Benazzi sur le terrain. Il signe un contrat de deux ans chez le club du nord-est de Londres pour remplacer l'international anglais Danny Grewcock qui est parti au club de Bath. Son histoire d’amour avec le précieux cuir ovale prendra fin en juin 2003.

Abdel est donc de cette bonne graine, celle qui pousse partout où le sol est fertile et nourricier. Sa simplicité qui est de fait l’apanage des véritables grands lui a permis de faire son entrée dans le gotha politique français et s’attirer la bienveillance des personnalités comme l’actuel Maire socialiste de la ville de Lille Martine Aubry qui fut d’ailleurs témoin à son mariage.
Cette dernière a été en effet à l’origine, alors qu’elle était ministre de l’Emploi dans le gouvernement Jospin, de sa nomination, en conseil des ministres, chevalier de la Légion d'Honneur.

L’enfant du terroir n’a jamais oublié ses racines. Il répond toujours présent à chaque fois qu’on fait appel à lui. Espérons qu’il mettra son expérience et son savoir-faire au service de la balle ovale nationale.
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MessageSujet: Re: Le géant de l'Atlas   Le géant de l'Atlas EmptyMer 15 Nov 2006 - 10:21

merci Basima pour ce bel article! Smile
Bravissimo
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